Les développeurs sont des artistes !

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  • par ESENS

De l’art conventionnel à l’art numérique, le coding ouvre de nouvelles perspectives et de nouveaux sujets de réflexion sur l’art.

Le code est un outil comme un autre, il répond à un besoin. Mais dans la singularité de sa condition d’outil, il permet plus qu’un simple marteau. Sa capacité à être modulable en une infinité de possibilités en fait un terrain de jeu artistique parfait.

L’art, le mot fourre-tout qui aujourd’hui sera défini comme une technique qui est au service d’une intention. Donc oui, les développeurs sont des artistes.

Tout commence avec un oscilloscope. Dans les années 50, Ben Laposky prend en photo les oscillations et crée ce qui est aujourd’hui comparable à du light painting, mais il y avait alors aucune intention derrière cette pratique.

L’intention créative, c’est à Vera Molnar qu’on la doit vers la fin des années 60. Artiste contemporaine fascinée par la géométrie systématique et les calculs, Vera Molnar est la première artiste à utiliser l’ordinateur pour tracer des lignes et des formes abstraites. Comme un geste de rébellion pour une industrie qui l’a méprisée, elle passera sa vie à déconstruire l’art classique avec ses œuvres controversées.


Quatre quarts, par Vera Molnar

Pas froid aux yeux, par Vera Molnar


Dans les années 70, une poignée d’artistes s’essayent aux fastueuses possibilités de l’ordinateur.

Parmi eux, un certain Paul Brown se découvre une passion pour les ordinateurs, il programme ainsi un algorithme capable de dessiner des courbes et des motifs à partir de règles simples. Le résultat est similaire au travail de Vera Molnar car les machines utilisées pour l’impression sont encore très linéaires.

"Sans titre", par Paul Brown


Les années 80 et 90 sont prometteuses. L'avènement des machines décuple la créativité. James Faure Walker est l’un de ces créateurs qui utilisent l’ordinateur et les softwares pour initier le mouvement du digital painting. Il cherche alors à reproduire des techniques classiques de façon numérique. Mais on s’éloigne déjà un peu du sujet, preuve de la profusion d’idées créatives se libérant avec son support.

Les années 80, c’est aussi le début du Macintosh et des logiciels de création graphique.


'Filament sombre' (détail), par James Faure Walker


Depuis les années 2000, et avec l’accès à internet dans tous les foyers, on observe qu’un simple logiciel de compression de fichier à lui seul est une technique artistique.

Jacques Perconte est un artiste issu du compressionnisme. Il réalise des vidéos grâce aux glitchs et aux pixels qui sont comparables à des tableaux vivants.

On peut aller plus loin : un GIF, un JPEG ou un mème peuvent aussi se définir comme œuvres à part entière dès l’instant où elles ont été créées avec une intention. C'est ce que nous prouve aujourd'hui encore le phénomène des NFT : l’art ne se cantonne pas à un support !

Le coding peut aussi trouver sa place dans une démarche politique

Les artistes Camille A. et Bastien K. l'ont démontré avec leur 'Hackacon', un événement qui réuni plusieurs développeurs afin de designer et de développer l’application ou le site web le plus stupide possible. Véritable coup de gueule envers le capitalisme outrancier qui nous propose des applications pour tout et rien, le Hackacon à, par exemple, créer le rajoute-miette : un genre d’aspirateur autonome qui dépose des miettes sur la table pour vous sentir moins seul à table. Ou encore un collier pour humain capable d'analyser le rythme cardiaque de d'émettre des bruits stressants lorsque l’on est trop apaisé.

Autre projet loufoque : codé en python et utilisant les données de l’ISS, le développeur Aurélien Fache a développé un sex-toy qui vibre à chaque fois que Thomas Pesquet passe au dessus de la France pour démontrer que tout est relié à tout et donc que le déluge du numérique et de l’hyper-connectivité est à prendre au très sérieux.

Dernier exemple en date : le dessin algorithmique, une technique numérique qui fait beaucoup parler d'elle et ravive les débats autour de l'art.


Théâtre D'opéra spatial, le tableau de Jason Allen réalisé grâce au système MidJourney, a déclenché une violente réaction de la part d'artistes qui l'ont accusé de « tricherie » après qu'il ait remporté la première place du concours d'art de la foire annuelle du Colorado

DALL-E, DeepDream ou encore Midjourney (il en existe des dizaines à date), sont des programmes d'intelligence artificielle permettant de créer en quelques mots le tableau parfait. Certains y voient la mort de l’art, d’autres l’aboutissement d‘une technique. Dans tous les cas, il est indéniable que c’est un outil, voire une technique, qui permet de traduire une idée. Et comme nous l’avons vu plus-haut, ce n’est pas une révolution dans son intention mais une révolution dans son application.

L’art contemporain à donc encore de beaux jours devant lui et la technique (et les esprits, donc) se surpasse d’année en année.

Le moteur au centre de ces révolutions ? Ce sont bien les développeurs. Car tout cela n'aurait jamais été possible sans leur travail et leur curiosité. C’est donc bien eux les artistes de ce siècle et on espère leur rendre hommage avec ce petit article !


Photo de couverture : Théâtre D'opéra spatial, par Jason Allen - Crédit Jason Allen

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Article rédigé par Alexandre, UX/UI Designer chez ESENS.

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